vendredi 4 mars 2011

Tradition orale et histoire écrite. Les tribus berbères de l’Anti-Atlas face au caïd Addi Aguiloul (1897-1900)

Depuis le décès du défunt Pascon (1985), personne n’a étudié les nombreux et toujours intéressant articles de Justinard. C’est pour palier à cette étrange incongruité que je me propose ici de présenter un poème berbère recueilli et traduit par cet auteur injustement écarté, ou tout simplement oublié, des études ayant trait au Maroc berbère. Cet extrait de la littérature orale de l’aire Chleuh (tachelhit) a été recueilli au début du XX° siècle dans une région périphérique du Maroc, le Sous el Aqsa des historiographes marocains, qui correspond aux régions qui s’étendent de l’assif Oulghas (oued Massa) à l’Oued Noun (région d’Agoulmim, Goulimin selon la transcription officielle). Territoire qui, encore à la fin du XIX° siècle, vivait sous la domination politico-religieuse des descendants du célèbre saint du sud-marocain Sidi Hmed ou Moussa du Tazeroualt.
Ce texte oral permet d’aborder deux événements, à la fois particuliers et similaires, sous le regard de l’assiégé, “ sujet de sa propre histoire ”. Les faits relatés nous présentent les tentatives de reprise en main d’une région rebelle au pouvoir central du moment. La première fois lors de la siba qui éclate à la mort du sultan Moulay Hassan (1894), la seconde au moment de la reprise en main par le pouvoir colonial de cette Marche du Sud de l’Empire fortuné (1917).
Ce regard nouveau complète d’une certaine manière les sources écrites (arabes et françaises) sur la contestation du pouvoir central dans les régions périphériques. Malheureusement, je ne connais aucun travail de référence, qui aurait fait l’objet d’une publication, accompli sur les chants du Sous et de l’Anti-Atlas de cette période troublée (fin XIX°- début XX°) qui vit l’intrusion du pouvoir central puis de celui de la France coloniale qui entraîna le mouvement millénariste d’un charismatique marabout maure, Moulay Hmed Hiba. On constate donc, dans ce domaine, un désintérêt du domaine tachelhit au profit du domaine tamazight de l’Atlas central sur lequel, au moins, deux travaux furent effectués par Amédée Boussard (1935) et J. Robichez (1949)[1].
De plus, le temps qui passe ne fait que réduire les chances de pouvoir un jour récupérer ne serait-ce que des fragments de cette culture orale. En effet, les derniers vieillards, recueils vivant de cette littérature éminemment orale, disparaissent un par un dans l’indifférence d’une société méprisant ces derniers témoins d’un passé archaïque qu’il faut oublié. “ Quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui s’envole en fumée ” pour reprendre les mots d’un autre grand érudit des cultures orales, Amadou Hampate Ba.

Ce fragment de la littérature orale du Sud-ouest marocain a été recueilli à Tiznit en 1918 par le fameux officier de renseignement et berbérisant Léopold Victor Justinard qui le publia en 1928 dans la revue de l’Institut des Hautes Etudes Marocaines de Rabat, Hespéris[2]. Ce fringuant officier français est arrivé au Maroc avec une de ces nombreuses missions militaires, imposées par les puissances européenne dès la fin du XIX° siècle au pouvoir alaouite[3], chargées de la réforme et de l’encadrement des troupes makhzen. Justinard se rend à Fez en 1911 où il est affecté au commandement d’un tabor[4] composé en majorité de berbères originaires de la confédération des Aït Ba Amran[5]. C’est là que tout en réorganisant ces troupes, il apprend auprès de ceux-ci leur langue, la tachelhit.
Alors capitaine et de retour du front de France, il est envoyé en mission de renseignement en 1916, dans la “ Marche de Tiznit ” qui marquait alors la limite sud du Maroc pacifié. C’était l’époque où les populations de ces régions méridionales ne reconnaissaient plus le pouvoir alaouite qui avait eu la faiblesse de signer le traité de Fez instituant le Protectorat (30 mars 1912). Ils lui avaient préféré un aguelid[6] arabe, Moulay Hmed Hiba fils de Ma El Aïnin, célèbre chef religieux de l’ouest saharien. L’intrusion coloniale avait provoqué chez les populations de ce pays une crise morale et religieuses que ce lettré maure se proposait de résoudre en utilisant les croyances millénaristes en se présentant comme le Maître de l’Heure attendu qui rétablirait la justice et chasserait les impies du Dar El Islam. Après s’être fait proclamer Sultan à Tiznit ()par les tribus de l’Anti-Atlas et de la plaine du Sous puis à Marrakech (18 août 1912) par celles du Haut-Atlas, le “ Sultan bleu ” défait à Sidi Bou Othman (6 septembre 1912), se réfugia à Taroudant dans un premier temps puis suite à plusieurs défaites successives, il se replia sur Assersif (Aït Milk), Timguer (Aït Ouadrim) pour finir à Kerdous (Idaou Baaqil) dans le massif de l’Anti-Atlas.
A l’arrivée de Justinard à Tiznit, la France, alors enlisée dans les combats d’Europe, ne pouvait engagé d’importantes troupes pour “ pacifier ” toutes les régions de l’Empire Fortuné; l’officier de Tiznit devait se borner à prendre contact avec les différents chefs tribaux de l’Anti-Atlas dans l’éventualité d’une future soumission, en d’autres termes “ boire du thé ” avec les notables et écouter ce qu’ils ont à dire, sans s’immiscer le moins du monde dans leurs différends ” selon ses propres mots. En mai 1917, au coté de Justinard fut nommé un naïb, un représentant du néo-Makhzen, Tayeb Outgountaft (puissant caïd des Aït Tgountaft, tribu qui contrôle l’un des principaux points de passage des montagnes du Haut-Atlas, le Tizi n Test)[7] chargé de soumettre par la force les tribus récalcitrantes.
C’est à ce dernier qu’est adressé la longue mise en garde du poète des montagnes. Le caïd Tayeb vient en effet de soumettre différentes tribus de la plaine et de la montagne (des confédérations Achtouken et Ilallen). L’auteur du chant, le voyant déjà avancer sur les autres tribus (dont la sienne) lui conseille de ne pas s’engager plus avant dans la montagne sans quoi il aurait à subir une cuisante défaite en lui rappelant la déroute qu’infligèrent les montagnards à un autre représentant du Makhzen de la fin du XIX° siècle, Si Addi Aguiloul (principal caïd des Ihahan du Haut-Atlas).
Il est très difficile d’obtenir des informations biographiques sur les poètes itinérants du domaine de la tachelhit. Les rares travaux effectués dans ce domaine ne font aucune référence à notre rrays de l’Anti-Atlas. Le peu que l’on sait sur lui est rapporté par Justinard. Nous ne connaissons de lui que son surnom, abidar qui signifie le boiteux, son village d’origine, Toukart[8], et sa tribu, Aït Hmed[9] de l’Anti-Atlas central. Nous connaissons un autre poème du même auteur, rapporté aussi par l’infatigable qebtan chleuh[10], où l’on apprend que dès cette époque (1917) ces hommes de la montagne connaissent déjà l’émigration vers Paris et ses usines ; et, ce, malgré leur refus de reconnaître celui que l’on appelait alors le Sultan des Français (Moulay Youssef, 1912-1927).


Le présent article s’inscrit dans une perspective de confrontation aux sources écrites, archives coloniales essentiellement (Vincennes et Nantes) par les sources orales recueillis dans les contrées étudiées. N’étant hélas pas arabisant j’ai dut faire l’impasse sur une œuvre considérable et de référence pour l’histoire du Sous, El Maasul, de Mokhtar Soussi. J’espère que d’autre que moi pourront compléter cette ébauche d’une nouvelle lecture de l’histoire du Sous. Le travail d’analyse de la littérature versifiée concernant les conflits régionaux et la place du poète dans cette sorte de guerre idéologique reste à faire. Cette présente contribution tente de s’inscrire en ce sens.

J’ai reproduit ci-dessous la traduction du texte par Justinard qui me parait correcte à tout point de vue, mis à part le vers 56. Dans la transcription en tachelhit de ce vers l’auteur a oublié de reproduire un “ d ” correspondant à la conjonction de coordination “ et ”. Cette petite erreur a pu être facilement relevée car ce vers reproduit une maxime populaire qui dénonce l’avidité des hommes. Je me suis senti obligé de combler quelques fautes d’oubli. J’ai traduis en français le vers 9 présent dans le texte en tachelhit et inversement pour le vers 40 présent dans le document en français. Ces traductions et petites corrections personnelles sont reproduites en caractères gras.
Par contre j’ai du reprendre l’annotation du poème en tachelhit par soucis de compréhension et de facilité de lecture par les berbérisants. Un changement de transcription s’impose réellement. J’ai donc repris l’annotation mise en place par l’INALCO. N’étant pas linguiste de formation, c’est sur le texte en français que reposera l’essentiel de cette étude. Les principaux changements de transcription que j’ai établi concernent la forme des graphèmes utilisés, le “ gh ” sera remplacé par le gamma grec et le “ ou ” par “ u ” ou le “ w ” selon la forme et le sens des termes usités.

Léopold Justinard nous explique qu’il a relevé ce poème lors de sa mission de renseignement à Tiznit auprès du caïd Goundafi (1916-1921) mais il ne nous explique pas dans quelles circonstances. On peut aussi regretter qu’après la traduction cursive du texte berbère, il n’ait pas reproduit une traduction juxtalinéaire qui nous aurait éclairer sur certains points du vocabulaire utilisé par le trouvère. Enfin, la jugeant sans doute inutile à l’intelligibilité du texte, il n’a pas jugé utile de reproduire ici la mélodie-maître qui introduit le poème chanté et régule le débit syllabique des vers suivant.

Amarg n rrays Abidar n Tukart (Ayt Hemd)

1- A sidi Hmad u Musa, Utzrwalt,
2- Ad ak nghra a yi thadrt i tajma3t.
3- A lqayd Tayb, a Utguntaft,
4- Inna yawn ma yas igan Utukart :
5- « Aywa, 3la slama n Rbbi, a lqayd,
6- Tkkid kullu Ayt Mzal ulla Ilalln,
7- Wallah ayna annigh ma dak isghurn ixf,
8- Amr Gwadrim iffl azilal ilaht
9- A lqayd ar tnhu taxrmut ».
10- Gan imgharn krad i Ayt Milk
11- Zund takniwn gablnin tikint.
12- Tukkimt, iqand ad ukan illint.
13- Aywa, cix Moh-ad [n] ifqirn,
14- Nttan a imln ad rbbun Umilk.
15- A imgharn ad akw igan aytmatn ;
16- Imma takatin ar ukan allant.
17- « A lqayd Tayb ak ninni ssaht :
18- Ajjat ukan Uhmad ulla Irsmukn,
19- Allat lfzi3at aylligh lkmn talalt ;
20- A lqayd Tayb, awin dari lusit :
21- Mqqar agh tugrt, rad ak nini ssaht :
22- Man irur Wijjan, nflawn tn ;
23- Ghilligh nsrsa adrras i3mmr,
24- Iga gis sidi Hmad u Musa lharkt,
25- Llan akw gis Ayt Uzarif kullutn.
26- As lligh sn ikka Ugilul s lharkt,
27- Aywa Tighmi agh hadrn ighwaghn.
28- Annigh lbarih illa gisn tiwtci,
29- Nnan agh ukan Wijjan ad ran middn.
30- Tuzzumt [n] id ad nkka igharasn,
31- Tlkm ukan Wijjan, a ighwaghn,
32- A l3fit, icahad Rbbi ar trghamt.
33- Yan ikdan i wadif i3iyaln,
34- A yan izran, a Wijjan, asmrwink,
35- A lxzant, ur rad thadrn i rwahnm
36- Isan zund l3rud is a ttrwaln.
37- Iffu lhal, iffud ukan lharkt.
38- Illi lbarud is agh tn tayn.
39- Annigh l3win irzagn i yan t ittafn.
40- [Annigh abrac irzagn i yan t isullin]
41- A wana iharcn jnjmn asbahi ns.
42- Ma darngh iwin d iguyya s mrakwc.
43- Gammin lqiyad a yasn knugh ixf.
44- Taghawsa nna t3dl nit walayn
45- Maf ur ghwigh izaggn, flgh tassast ?
46- Walayni yudad l3aqln, nnan agh :
47- Tin Wijjan nsfa gisn lxatr.
48- Lkmgh lxzanat s udarinu ifrghn.
49- I Rbbi, a imgharn, a yat lusit,
50- Rbbi ad izggwizn yan yattuyn,
51- Ar t ihkm bu mhnd lli ur iharcn.
52- Inna lli lhaj Hmad lligh ihayl :
53- « Ghasad Algud agh ra nsrs lmahallat ».
54- Utnt irgazn gh ugayyu, ur isawl.
55- A ishan d lmufid ibbi iwaliwn.
56- Yan ini itghuwaln ignna (d) tafukt,
57- Ad ukan drn, izl idarn x tallaxt.
58- Walayni yudad l3aql, nnan agh :
59- Ini tucka taqaddurinw, nqiyis,
60- Tagat n timzgidiwin tut mddn,
61- Ur as aqran, ula ddin icah yasn.
62- A han l3cur ur yad illi dar mddn,
63- Iga kullu tighrad i yan isrwatn,
64- Bab n zkka han idulan iwint,
65- Imma yan igan igigil ur tn iwin.
66- Allahu akbar, awddi, lislamngh,
67- Han Rbbi ur nuddi lhaquqns.


Chanson du Raïs Abidar n Toukart.

1-      O Sidi Hmad Ou Moussa de Tazeroualt
2-      Je t’invoque. Assiste moi dans cette assemblée.
3-      Et toi, le caïd Si Tayeb des Aït Tgountaft,
4-      Voilà ce que dit le chanteur de Toukart :
5-      « Le salut de Dieu sur toi, Caïd, tu as parcouru
6-      Le pays des Aït Mzal et des Ilallen.
7-      Je n’ai pas vu, par Allah, un seul pour te tenir tête,
8-      Sauf Gouadrim qui est parti, laissant l’Azilal
9-      [O caïd, tu sèmes la confusion entre nous] »[11].
10-  Ils étaient trois cheikhs chez les Aït Milk
11-  Comme autour d’un pot épouses rivales.
12-  Il était forcé qu’il y eut des coups.
13-  C’est ce cheikh Moh n Ifqiren[12], en vérité,
14-  Qui a montré aux Aït Milk comme il faut faire ;
15-  Tous leurs cheikhs sont comme des frères,
16-  Mais on pleure dans les foyers.
17-  Je te dirai, Caïd Tayeb la vérité :
18-  « Laisse les Aït Hmed et les Irsmouken,
19-  Fais monter les harkas jusqu’où pousse l’euphorbe ».
20-  Reçois de moi un conseil, ô caïd Tayeb :
21-  « Tu as beau être le plus fort, je te dirai la vérité.
22-  Nous te laissons le pays au-delà d’Ouijjan »
23-  Mais dans les lieux ou sont nos fossés fortifiés,
24-  Sidi Hmed Ou Moussa a mis ses armées
25-  Et tous les saints de Tammacht [13] et ceux d’Azarif[14].
26-  Le jour où Aguiloul y vint avec son armée,
27-  Les montagnards de Tighmi[15] s’étaient assemblés.
28-  Au coucher du soleil, j’ai vu le crieur
29-  Disant : « C’est à Ouijjan que chacun doit aller ».
30-  Au milieu de la nuit, nous étions en chemin.
31-  En arrivant à Ouijjan, ô les hommes libres,
32-  Quel feu y flambait, Dieu en est témoin,
33-  Quand on a senti l’odeur de la moelle des garçons.
34-  Ah, celui qui a vu, Ouijjan, ta mêlée,
35-  Il ne couchera plus, tentes, sous votre abri.
36-  Ah, les chevaux qui fuyaient comme des troupeaux.
37-  Quand les jour parut, on vit les harkas.
38-  C’est la fusillade et on nous poursuit.
39-  J’en ai vu trouver gênant les vivres qu’ils apportaient.
40-  J’en ai vu trouver gênant les burnous noirs qu’ils portaient.
41-  Tel qui était courageux a pu sauver son fusil.
42-  Combien ont-ils emporté à Marrakech de nos têtes.
43-  Mais les caïds n’ont pas pu les faire courber nos têtes.
44-  Je dis que c’est bien ainsi, mais pourtant
45-  Pourquoi n’ai-je pas, fuyant cet enfer, gagné les sommets ?
46-  Mais la raison m’est revenue. Elle m’a dit :
47-  « J’ai eu bien de l’agrément au combat d’Ouijjan.
48-  Je suis allé jusqu’aux tentes avec ma jambe boiteuse ».
49-  Pour Dieu, ô les grands seigneurs, à vous un précepte; 
50-  C’est Dieu qui a fait tomber celui qui était en haut.
51-  Le hérisson l’a vaincu, qui est sans vaillance.
52-  El Hajj Hmed avait dit, se mettant en route :
53-  « Aujourd’hui la méhalla ira camper à Oulgoud[16] ».
54-  Or, les hommes l’ont frappé en tête. Il n’a plus parlé.
55-  Or, en résumé, c’est assez parler.
56-  Celui qui avait pensé prendre le Soleil au Ciel,
57-  Il est tombé les pieds allongés dans la boue.
58-  Mais la raison m’est revenue. Elle m’a dit :
59-  « Si mon jugement est bon, si je pèse bien,
60-  L’anathème des mosquées a frappé les gens.
61-  On n’a plus de religion. On ne lit plus le Coran.
62-  Les gens ne paient plus la dîme des grains.
63-  Des batteurs dans l’aire elle est le salaire,
64-  Et celle du bétail est pour les beaux parents,
65-  Et ceux qui sont orphelins ne reçoivent rien.
66-  Allah Akbar, mon ami. Mais dans notre Islam
67-  Dieu n’a pas sa part.


Ce texte poétique débute par un traditionnel “ prologue invocation ”, où le poète invoque l’aide du grand saint de Tazeroualt (Si Hmed Ou Moussa)[17] pour “ dénouer la langue ” et pour d’une certaine manière s’excuser de prendre la parole en utilisant un langage inspiré. Par ces mots d’excuses il reconnaît implicitement que le seules paroles métaphoriques permises sont celles du prophète, du Coran, de Dieu.(vers 1-2).
Ce texte a ceci de particulier, qu’il ne s’adresse pas à l’assistance habituelle, c’est à dire aux membres de la société villageoise ou tribale, mais au représentant du Makhzen à Tiznit, relais local du pouvoir central, le caïd Tayeb Outgountaft (vers 3).
L’auteur se présente, parle au nom des tribus libres et insoumises de ces montagnards Idaou Ltit (vers 4).
Puis le poète nous met en situation, il présente la force du caïd et la crainte qu’il a fait naître chez les tribus de la plaine et de la montagne, qu’il vient alors de soumettre par la fer et le feu. Ceux qui osaient lui faire face ne trouvant comme issue que la fuite (vers 5-16).
Le montagnard propose au caïd une sorte de partage du territoire régional, un statu-quo des forces en présence, lui signifiant les frontières à ne pas dépasser (vers 17-25) et lui rappelle la défaite de son prédécesseur à Tiznit, Si Addi Aguiloul (El Guellouli sous la forme arabe, représentant du Sultan de 1897 à 1900), défaite que lui infligèrent les tribus et auquel participa Abidar lui-même (vers 26-57).
Il décrit les préparatifs et l’organisation de l’attaque contre le camp d’Aguiloul, rassemblement des assemblées tribales, longues délibérations jusqu’au soir puis appel au rassemblement de tous les hommes valides pour l’expédition contre Ouijjan (vers 27-29), enfin l’attaque par surprise en pleine nuit (vers 30).
Il est intéressant de noter les termes par lequel le poète désigne les hommes qui participent à cette attaque: irgazn (vers 54) et ighuwaghn (vers 27-31). Le premier terme signifie en tachelhit les hommes à proprement parler; le second lui est moins usité, il dérive du verbe ghwwagh qui signifie se révolter ou être en dissidence selon le point de vue. Dans son Dictionnaire (1934), Antoine Jordan, donne la définition suivante du mot : dissident, insoumis, rebelle, émeutier. Quant à Justinard il traduit ce terme par “ les hommes libres ”. A contrario les hommes composant la harka du caïd ne sont jamais désignés ou dénigrés, ils sont juste ignorés, méprisés.
Ensuite, Abidar met en garde Outgountaft, il introduit ici la morale du poème, en le mettant en garde contre l’orgueil des Puissants et l’ivresse du pouvoir qui leur fait oublier jusqu’à leur vulnérable statut de simple mortel, justiciable tôt ou tard devant Dieu (vers 49-51).
Il finit son récit par une complainte redondante et commune à beaucoup de ce genre de texte, une sorte de vers rituel, qui attribue tous les malheurs des hommes à leur pêchés et au non-respect des canons de la religion (vers 55-67).


Abordons pour finir ces affrontements qu’aborde le texte poétique. Par son discours, Abidar Outoukart s’inscrit dans la lutte contre le Makhzen et ses potentats locaux qui le représentent, caïds, kébirs et autres naïbs. Il s’agit d’un phénomène cyclique de l’histoire du Maroc pré-colonial, la révolte et la résistance des tribus face au pouvoir central: phénomène conjoncturel ici dû à la mort d’un sultan fort, Moulay Hassan en 1894.
Ce dernier avait réussi a rétablir l’autorité des Alaouites sur le Sous-extrême après une éclipse de plusieurs années. Il prit la tête par deux fois (1882 et 1886) d’une puissante colonne militaire qui en 1882 et 1886 franchissait la frontière entre “ bled siba ” et “ bled makhzen ”, l’assif Oulghas (dénommé aujourd’hui oued Massa), pour imposer aux tribus des plaines et des montagnes de nombreux caïds et édifia une place-forte au milieu du pays pour surveiller et prêter assistance à ces nouveaux représentants du Sultan. Avant l’intrusion de ces harkas dans cette région, c’est la Maison du Tazeroualt qui tenait d’une certaine manière un rôle politique limité. Elle jouait un rôle d’arbitre lors des conflits inter-tribaux, percevait les amendes en cas de rupture des accords de paix et elle avait dans les assemblées des principales tribus un représentant qui s’efforçait de faire pencher les décisions de celle-ci à l’avantage de leur maître. D’ailleurs le titre de caïd fut donné à nombres de ces représentants d’Iligh par Moulay Hassan lors de ses expéditions “ soussiennes ”.
Mais en acceptant un dahir de commandement du sultan, les chérifs du Tazeroualt perdent alors tout prestige (sur lequel reposait une grande part de leur autorité) aux yeux des tribus. Et par deux fois (1886-1889) le potentat d’Iligh est assiégé par une coalition de tribus menées par les Idaou Baaqil.
C’est cette dernière grande tribu qui prend la tête de toutes les grandes révoltes contre le Makhzen à la fin de ce siècle. Elle forme avec deux autres tribus (Ida Gouarsmoukt et Idaou Semlal) la confédération des Idaou Ltit. Les Aït Hmed de notre poète faisait un temps parti de cette coalition, mais le lien politique qui depuis longtemps les rattachait commence à s’affaiblir jusqu’à disparaître complètement au début du XX° siècle. Ce qui ne l’empêche pas de se joindre à ses anciens alliés au moment des grandes révoltes.
Moulay Hassan meurt le 7 juin 1894. Son fils Moulay Abdelaziz devient sultan le 9 juin 1894, mais la réalité du pouvoir reste aux mains du grand vizir Ba Hmad. A cette époque, le Sous est en pleine anarchie. La plupart des caïds investis par Moulay Hassan sont encore présent mais en réalité n’ont guère plus d’autorité dans leur propre tribu que les autres notables.
L’événement qui provoque l’envoi du caïd Addi Aguiloul serait un conflit sur le partage des eaux de sources entre Tiznit et les Aït Ouglou. Par le jeux des alliances tribales (amqqen en tachelhit, leff en arabe) le conflit s’étend aux tribus voisines. Avec d’une part les Aït Tznit, Aït El Aouina, les Aït Brayim et les Akhsas; d’autre part les Aït Ouglou, les Aït El Khoms, les Aït Sihel, les Aït Jerrar et une partie des Aït Boubker. Pressé par leur adversaire les Aït Tiznit et leurs alliés décident de demander secours au pouvoir central. La plupart des caïds en titre sont partisans de cette démarche, mais les petits chefs locaux refusent de se joindre à eux. Une délégation se rend à Marrakech auprès de Moulay Abdelaziz; ses principaux membres sont les caïds Hammou de Tiznit, Abdeslam des Aït Jerrar, Hmed des Aït Brayim, Ali des Aït Abella, Ali des Aït Khoms et Bouhiya des Akhsas. Le sultan nomme un de ses cousins le chérif Sidi Mohamed Ben Abdeslam (descendant de Moulay Sliman) et le caïd Aguiloul des Ihahan (protégé de Ba Hmed) avec pour mission de réunir une puissante colonne militaire pour rétablir l’autorité de ses caïds et d’installer un naïb (un représentant) dans le pays. C’est à ce dernier qu’est confié le commandement réel de l’expédition.
Les tribus effrayés de l’arrivée de cette mehalla (troupe chérifienne), vinrent demander secours à Sidi Mohamed du Tazeroualt qui se mit à leur tête en organisant la défense des tribus.
Dans un premier temps Ben Abdeslam s’installe avec ses contingents à Tabouhnaykt chez les Aït Bou Tayeb (confédération Achtouken) tandis que Aguiloul stationne à Biougra chez les Idaou Mhand (Achtouken) où il achève de réunir les partisans des tribus Ihahan et de la plaine du Sous. C’est alors que, le 1° mai 1897, les tribus “ rebelles ” venus du sud en grand nombre attaquent à Tabouhnaykt la mehalla du chérif, la mettent en fuite et pillent son campement. Précipitamment, Aguiloul se porte vers le sud et livre plusieurs combats à ses adversaires, entre autre au Tleta des Id Aissi et chez les Aït Bou Tayeb. Peu après vers le milieu de septembre 1897, il livre sur l’assif Oulghas une bataille générale de trois jours. Les différentes tribus sont défaites successivement avec de lourdes pertes, Mohamed Outzeroualt est défait à son tour à Toubouzar et doit se réfugier dans les montagnes. Aguiloul parcourt alors le pays, réduisant les dernières résistances des gens de la plaine avant de faire son entrée à Tiznit le 30 septembre 1897. Il rayonne alors à partir de cette place-forte sur toute la région, organisant des expéditions dans tout l’Anti-Atlas, notamment chez les Aït Ba Amran, les Akhsas, les Imejjad et les Aït Ifran.
Les Idaou Ltit sont alors les seuls à ne pas s’être soumis, Aguiloul prépare une importante expédition vers la fin de 1899. Il concentre ses troupes, levées sur les tribus soumises, au pied de la montagne à Ouijjan. Mais celles-ci sont violemment attaquées de nuit par la totalité des contingents montagnards. Elles réussissent à se dégager après plusieurs combats extrêmement durs. Aguiloul envoie alors l’un de ses lieutenants El Hajj Hmed à la poursuite de l’ennemi, mais il subit à son tour une cuisante défaite dans laquelle il perd la vie. Les montagnards (iboudraren en tachelhit) ont alors à leur tête un notable de la tribu Idaou Baaqil, amghar Hmed Gouamazzer qui, après s’être imposer face aux caïds makhzen nommés à l’époque de Moulay Hassan (Tahar Oublagh et Saïd Ou Hmed) s’est érigé en champion de l’indépendance en constituant un noyau de tribus hostiles au Makhzen et dont faisaient parti, outre les Idaou Baaqil, les Ida Gouarsmoukt, les Idaou Semlal, les Aït Hmed, les Aït Ouafka et la fraction Tahala des Ammeln. Le caïd Aguiloul prend alors lui-même la tête de ses troupes. Dans un premier temps il a le dessus dans une série de rencontre mais lors d’une bataille à Tassaout n Driss une partie de ses troupes l’abandonne et il est obligé de se replier sur Ouijjan. Une convention intervient alors entre lui et les montagnards fixant la limite entre les zones makhzen et siba. Le caïd fait alors construire une forteresse à Ouijjan pour surveiller ces Idaou Ltit trop remuant et se replie sur Tiznit avant d’être relever de son poste en juillet 1900. De son coté Gouamazzer fait élever un rempart de pierre (aderras) pour matérialiser l’indépendance tribale de ses montagnes.

Ces remparts sont encore visibles en 1917 à l’arrivé du caïd Tayeb Outgountaft à Tiznit en tant que nouveau naïb du Makhzen, et les Idaou Ltit et leurs voisins ne sont toujours pas soumis au pouvoir central.
En effet après le départ d’Aguiloul, toute la région sombre à nouveau dans le système de vendetta cyclique qu’est la siba avant d’être reprise en main pendant quelques années par le nouveau naïb Mohamed Anflous (1901-1905) pour de nouveau sombrer dans les guerres tribales jusqu’en 1912. A cette date les tribus du Sous proclame un  sultan maure, Hmad El Hiba, avec qui ils marchent sur Marrakech. Les années qui suivent sont une suite de défaites face aux troupes coloniales qui avancent sous le couvert de la pacification traditionnel des régions “ dissidentes ” au nom du sultan alaouite. En 1917, un naïb aux pouvoirs élargis, sorte de proconsul, est nommé à Tiznit, le caïd Tayeb Outgountfat.
Dès sa prise de fonction, il doit faire face à une révolte des gros caïds de la confédération Achtouken qui n’acceptent pas les réformes qu’il met en place. En effet, les autorités coloniales, pour se concilier ces populations fraîchement “ pacifiées ”, ont décidé la suppression de tous les impôts exceptionnels que levaient les caïds, les fournitures d’aliment en nature, les prises en charge collectives des déplacements des caïds, ...etc. Et pendant plusieurs mois il réduit une à une toutes les tribus qui composent cette confédération, ainsi que celle des Ilallen, détruisant leurs iguidar (ou igoudar)... jusqu’à la prochaine révolte.


Conclusion.

Le texte de ce chant nous a permis de découvrir que pour le poète, porte-voix des tribus du Sous en quelque sorte, il y a similitude, répétition même, de l’événement. Il perçoit l’entreprise coloniale de la même façon que l’action makhzen. C’est l’intrusion armée dans son pays d’un pouvoir central, donc étranger pour ces régions périphériques, qui a pour but de le réduire et de le spolier de ses biens. Et en toute logique la seule réponse, pour lui, est d’opposer la force à la force. On perçoit bien cette société de l’époque, instable, précaire où seul la force personnel et de celle de ses alliés (famille, leff) permet de survivre.
Et c’est par l’histoire régional que l’on perçoit mieux ce phénomène de vendetta perpétuelle, en tout cas, ici, elle permet de voir la corrélation qui existe entre la politique des sultans sur ces lointaines marches de l’Empire fortunée, face aux tribus et la politique accomplis sous le protectorat par Lyautey dans le sud-marocain, ce que l’on a dénommé la politique des grands caïds. Le sultan ici délègue une partie de son autorité à un caïd avec pour charge de réduire les “ insensés ”. C’est une vieille tradition d’utiliser ces caïds de la confédération des Ihahan afin de mener des campagnes au nom du sultan dans le Sous. Il y a eu à la fin du XVIII° Mohamed Aghennaj qui ira victorieusement jusqu’à Iligh, ou encore Abdallah Ou Bihi au milieu du XIX°.
Cette politique permettait alors au sultan de réduire ces régions à moindre frais, le caïd rassemblait les hommes de son leff qui en campagne vivaient sur les tribus soumises, puis par des prélèvements, corvées et impôts exceptionnel le caïd récupérait son “ investissement ” initial.
Pour ce qui est de la politique mise en place par Lyautey, la logique est la même, délégué aux grands caïds de l’Atlas la mission de parachever la soumission des tribus méridionales, afin de faire l’économie en hommes et matériels qui faisait alors cruellement défaut pour cause de grande guerre sur le théâtre européen.
Non seulement la France soumettra toutes les régions du Maroc au nom des Alaouites, au nom du Makhzen, mais elle ira jusqu’à utiliser parfois les mêmes méthodes. Les populations du Sous subiront la politique “ des grands caïds ” non comme une “ innovation lyautéenne ” mais comme une “ tradition makhzen”.

Rachid Agrour

Références bibliographiques :

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BOUSSART (Amédée), Taghonja la chleuh, Paris, Baudinière, 1935.
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HART (David Montgomery), “ The Ait Ba ‘Amran of Ifni : an ethnographic survey ”, Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 15-16 : 61-74, Aix en Provence, 1974.
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JUSTINARD (Léopold-Victor), Un grand chef berbère, le caïd Goundafi, Casablanca, Atlantides, 1951.
JUSTINARD (Léopold-Victor), “ Notes d’histoire et de littérature berbères: les Haha et les gens du Sous ”, Hesperis, VIII : 333-56, Rabat, 1928.
JUSTINARD (Léopold-Victor), Les Aït Ba Amran, Paris, Chaplin, 1930.
LAKHSASSI (Abderahman) et BROWN (Kenneth), “ Poésie, histoire et société ” : 451-65, A la croisé des études libyco-berbères, Paris, Geuthner, 1993.
LAKHSASSI (Abderahman), “ Injustice et résistance dans la poésie berbère-tachelhit ” : 111-20, Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, Aix en Provence, Edisud, 1989.
MONTEIL (Vincent), Notes sur Ifni et les Aït Ba Amrane, Paris, Larose, 1948.
PASCON (Paul) et ENNAJI (Mohamed), Le makhzen et le Sous al-aqsa, Paris, CNRS, 1988.
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ROBICHEZ (Jean) et GALMICHE (A.M.), “ Chansons et résistances berbères ” : 972-87, Les Temps modernes, Paris, décembre 1949.
TAIFI (Miloud), Dictionnaire Tamazight-Français (parlers du Maroc central), Paris, L’Harmattan-Awal, 1992.

Références inédites:
3H2120, S.H.A.T., Anonyme, Tribu Ida Oubaaqil, 20 février 1953.
DAI 425, C.D.N., Capitaine MALVAL, Recueil de renseignements historiques concernant la région de Tiznit, 1° février 1924.

Article paru dans la revue Etudes et Documents Berbères, 18, 2000 : 139-154.


[1] Voir bibliographie en fin d’article.
[2] Hesperis, année 1928, 3°-4° trimestre, Tome VIII, Rabat.
[3] Pour plus d’information sur ces mission militaire, leur role, leur provenance, voir ERCKMAN (Jules), Le Maroc moderne, Paris, Challamel, 1885.
[4] Tabor : équivalent d’un bataillon.
[5] Sur les Aït Ba Amran : Justinard (1930), Monteil (1948), Hart (1974 : 61-74).
[6] Aguelid : terme berbère qui désigne le roi, le sultan.
[7] El Goundafi en arabe, le fief de ce puissant est dépecé de son vivant dès 1924 (il meurt en 1928), il déclara alors avec amertume : ”le Maréchal a été malade et c’est moi qui en suis mort ”. Celui du Mtouggui en 1928 (MONTEIL Vincent, Les Officiers, Paris, Seuil, 1958, p.130).Pour ce qui est du dernier grand caïd du sud il faudra attendre l’indépendance de 1956.
[8] Village situé au pied de la montagne à l’endroit où débouche l’assif Amaghouz, affluent de l’assif Oulghas (transcription officielle d’aujourd’hui : Oued Massa) et par lequel on accède par des pistes difficiles, qui empruntent  la vallée du torrent, au cœur de la tribu.
[9] Aït Hmad ou Aït Hamd. Tribu situé, avec les voisins Ait Souab, sur les plus hautes crêtes de l’Anti-Atlas (altitude moyenne de 1500 à 2000 m.).
[10] C’est à dire “ capitaine chleuh ”, surnom donné à Justinard par les Berbères du Sous, du fait de sa connaissance parfaite de leur langue et de leur poésie.
[11] Traduction personnel de ce vers non traduit par Justinard. Voici le vers en tachelhit : « A lqayd ar tnhu taxrmut ». Il semble que c’est sur ce terme de « takhermout » que notre berbérisant a buté. Pour moi même la signification de ce mot restait une énigme et des locuteurs issus de la région d’Abidar Outoukart (Aït Hmad) n’ont pu m’expliquer le sens de ce terme. Ce n’est qu’en abordant l’aire tamazight que j’ai eu un début de réponse. Pour la racine XRM, Taïfi donne la définition suivante : « fait de revenir sur une promesse, une parole donnée (…) fait de se dédire » ; on pourrait donc traduire le terme qui nous intéresse par ceux de versatilité, d’instabilité, d’incertitude, de confusion, de trahison aussi.
[12] Moha N Ifqiren se soumet à Tayeb Outgountaft le 21 juillet 1918 (MALVAL, D.A.I.425, 1924). 
[13] Souq El Had de Tammacht (Ida Oubaaqil).
[14] Tassila n Ouzarif (Aït Hmad) où se trouve les tombeaux de nombreux saints Regraga, invoqués, comme ceux de Tammacht, par les populations locales.
[15] Tighmi (Ida Oubaaqil).
[16] Tamgert n Oulgoud (Ida Gouarsmoukt), col qui ouvre le chemin vers les Aït Souab.
[17] Son sanctuaire où repose la saint est renommé dans tout le Sous et, pour toute personne souhaitant faire du chant son gagne pain, il est bon d’y passer une ou plusieurs nuit pour maîtriser l’art de chanter. Peut-être que notre Abidar y a fait une incubation lui aussi.